La franchise Pokémon a vu le jour en 1996. C’est le japonais Satoshi Tajiri qui l’avait, à cette époque, initialement conçu sous la forme d’un jeu vidéo GameBoy. Le principe est simple : « attrapez-les tous », ‘Catch them all’, l’objectif étant de d‘accumuler des petits monstres pour parachever sa collection. Pokémon et ses monstres de poche sont vite devenus un phénomène mondial, décliné en nombreux produits et œuvres dérivées : peluches, film et surtout cartes à collectionner.

Que sont les cartes Pokémon ?
Les cartes Pokémon sont apparues dès 1996, seulement 9 mois après la sortie des premiers jeux-vidéos. L’intérêt de ces cartes repose en un jeu assez élaboré nécessitant d’en collectionner le plus possible. C’est d’ailleurs l’aspect collection qui l’a assez vite emporté sur la dimension ludique des cartes. Ces dernières ont été éditées successivement par Media Factory puis par The Pokemon Company et sont depuis leur apparition commercialisées en librairie et grande surface. Ces cartes étaient, en premier lieu, adressées à un public assez jeune d’écoliers et collégiens, mais elles ont connu une véritable renaissance en 2020 après que des « youtubeurs » et « influenceurs » en ont fait la promotion Outre-Atlantique.
La renaissance des cartes Pokémon : Une diversification du public cible
Aujourd’hui, certaines de ces cartes sont particulièrement prisées par un public de jeune adulte (de 18 à 30 ans) ce qui a indéniablement eu un impact sur l’économie qui gravite autour.
Comment expliquer cet attrait soudain par un public adulte ? Il y a, à vrai dire, deux raisons principales. La première réside en l’accomplissement d’un cycle nostalgique. Concrètement, il faut comprendre que les enfants qui possédaient les cartes de la première édition parue à la fin des années 1990 sont aujourd’hui trentenaires et donc à même financièrement de se faire plaisir en redécouvrant leurs jeux de collégiens ou d’écoliers. La seconde raison expliquant cet attrait, c’est le contexte de ces dernières années. La crise sanitaire et les confinements subséquents ont, en effet, exacerbé la passion pour les cartes Pokémon, leur collection étant une « activité de maison » ne nécessitant pas de sortir de chez soi. Ainsi, on a pu observer une explosion des ventes alors que la production a été ralentie par la pandémie. Certaines cartes ont alors acquis une certaine rareté qui se répercute sur leur valeur marchande.
Le développement d’un marché nouveau de la carte Pokémon
Les « cartes rares » et très prisées sont majoritairement celles de la première édition parues entre 1996 et 2000. À titre d’exemple, en 2020, une carte du Pokémon Dracaufeu de la première édition a été vendue à 418 000 € sur le site de vente en ligne Ebay, la même année les échanges de cartes ont augmenté de 575%. Cette flambée des prix ne concerne pas que les cartes prises individuellement. En effet, les petits paquets d’une dizaine de cartes, appelés boosters, ainsi que les plus grosse boîtes, elles-mêmes composées de plusieurs boosters, appelées displays, se vendent à prix d’or lorsqu’ils sont de la première édition parue et qu’ils ne sont, bien entendu, pas ouverts. Et la vente de ces boosters et displays anciens soulève un point intéressant : la spéculation. L’objectif étant toujours d’obtenir la carte la plus rare possible et donc la plus cher possible, lorsqu’est acheté un paquet de cartes ancien, il existe un véritable aléa quant aux cartes que contiendra ledit paquet. Et selon les cartes présentes à l’intérieur, l’achat du paquet sera ou non rentabilisé. Ce phénomène entraîne et renforce l’engouement des 18 à 30 ans, persuadés de faire des placements rentables à terme, la spéculation s’installe alors.
L’un des révélateurs de ce nouveau marché des cartes Pokémon est la prolifération des cartes de contrefaçon proposées à l’achat sur certains sites Internet. Cela conduit à la nécessité de recourir à des experts qui, d’une part, attestent de l’authenticité des cartes et qui, par ailleurs, en font une estimation compte tenu de leurs caractéristiques, mais aussi de leur état, la valeur des cartes chutant à la moindre rayure…
Ces éléments témoignent d’une intégration des cartes Pokémon dans le marché de l’art entendu largement. Maître Bourget, commissaire-priseur, explique d’ailleurs pour le Huffingtonpost que « mettre 10.000 euros dans une œuvre d’art ou 10.000 euros dans une carte Pokémon, c’est la même chose. C’est simplement que les centres d’intérêt sont différents ». Il était le premier, en 2018, a dirigé une vente aux enchères de cartes Pokémon.
Depuis, beaucoup d’autres ont eu lieu et la maison Goldin Auctions, spécialisée dans les ventes de cartes à collectionner, vient, très récemment de réaliser une vente record, en adjugeant une carte de Pikachu à $900 000 soient près de 800 000€.

Vingt-cinq ans après son apparition, la licence est tout simplement la plus lucrative de tous les temps et continue de se diversifier et de se développer notamment dans le domaine de la vente aux enchères.
Par Gabriel-Cyr Amidou–Demoustier